Mon week-end Anvers et contre tout

Fin août, début septembre. Oui ça sonne comme un film, ça sonne surtout comme une période particulière de l’année : les derniers adieux à nos vacances d’été, adieux souvent déchirant, avant de se retrouver face à la dure vie moderne : la rentrée et le travail. Mais cette année, j’ai eu de la chance, j’ai eu droit à une transition en douceur, à la belge dans le plus grand port du monde : Anvers en Belgique !

Au delà du jeu de mot dont je suis extrêmement fier (un week-end et 4 pintes de réflexion), je ne sais pas vous, mais pour un week-end naturellement comme ça, en pointant mon doigt sur l’Europe, je n’aurais pas choisi cette bonne vieille ville d’Anvers, capitale économique d’une Flandre que je ne connais que peu. Contre toute attente, j’aurais eu bien tort.

La gare d’Anvers, la plus belle porte d’entrée du monde ?

Première impression et accueil de la ville : dans une cathédrale.

Non c’est une gare bien sûr (une petit Paris-Anvers en 2h30 – correspondance à Bruxelles après le Thalis). Une gare qui impressionne vivement par sa grandeur et son architecture du début du siècle. D’ailleurs News Week en 2009 la classa parmi les 4 plus belles gares du monde après St Pancras à Londres, Grand Central à New York (que j’ai visité la semaine dernière !) et la gare de Bombay.  Moi je l’ai classé dans mon top 26 des gares dans le monde les plus belles.

Ca pète comme dirait l’autre, non ?

Suivez le meir !

Ensuite de la gare pour rejoindre le coeur de la ville historique, c’est assez simple, il vous suffit de suivre le « meir » (meir=avenue), une superbe avenue piétonne bien animée par de nombreux commerces et cafés. Inutile d’aller fureter dans le quartier du diamant, à deux pas de la gare : je l’ai fait pour vous et pour voir si il ne traînait pas ici ou là un petit éclat de quelque chose. Et je vous le dis : rien de passionnant à l’horizon, à part évidemment si vous voulez acheter un diam »s ou encore aller découvrir le musée du diamant.

Si vous continuez le « meir », vous tombez assez rapidement sur l’une des cartes postales d’Anvers :

With love from Anvers !

Un peu plus loin, toujours en direction du quartier historique et de l’Escaut, long fleuve qui prend sa source en France pour se jeter ici, à Anvers, dans la mer du Nord, vous tombez sur une galerie commerciale pas tout à fait comme les autres.

C’est en fait l’ancienne salle des fêtes totalement rénovée et transformée en galerie commerciale de luxe.

La terrasse flottante du bar à champagne Laurent Perrier règne en mettre sur les lieux. Oui parce qu’il faut que je vous dise : Anvers est la ville au monde où l’on consomme le plus de champagne par habitant. Savent vivre les anversois. C’est aussi la ville où on retrouve le plus de traces de cocaïne dans l’eau courante. Savent vraiment vivre les anversois.

 Mais revenons à notre galerie commerciale : elle fait un peu écho au quartier de la mode, un peu plus loin en direction de l’Escaut, où les plus grands du luxe ont leur boutique, car oui, Anvers est une ville de mode, avec des créateurs célèbres. 

Le premier gratte-ciel d’Europe

Pour moi cette balade sur le Meir, et donc la découverte de la première partie d’Anvers se termine par une rencontre inattendue : le premier gratte ciel d’Europe, la Tour du Fermier. Un peu spécial pour une tour censée incarnée la puissance financière d’une ville… et pourtant c’est une certaine logique puisque c’est la très puissante et très riche banque au doux nom d’Union des agriculteurs qui est à l’origine du building. Un superbe building art déco, un clin d’oeil pour  mon voyage à New York, qui avait lieu la semaine d’après.

 Mais au bout du Meir, il y a le coeur historique de la ville, son immense port et le « nouveau » quartier qui va avec, et le festival Laus Polyphoniae…

Sous le regard de Saint Paul

Suite de mon escapade à Anvers. Après avoir parcouru le Meir, me voilà plongé dans le coeur historique de la ville. Et vous allez voir, en replongeant dans le moyen-âge, on est souvent sous le regard de Dieu.

D’abord par l’hébergement réservé par l’office de tourisme : un bed and breakfast entre le quartier historique et le quartier rouge (oui comme à Amsterdam). Une superbe suite au final avec un salon assez spacieux et une chambre très confortable.

Mais figurez-vous que mon bed and breakfast est en fait sous la haute protection de l’église Saint Paul :  l’église domine tout le quartier et notamment ma chambre, avec vue direct. Dieu avait déjà un oeil sur ma chambre.

J’avais donc mon camp de base pour partir explorer l’Anvers historique, principalement médiéval. Sur mon chemin, j’ai eu le droit à un petit rappel : « on te regarde ».

Le quartier historique

Le coeur du coeur se situe finalement sur un petit périmètre : la cathédrale, l’hôtel de ville et entre deux, ruelles et superbes places.

Un ensemble architectural assez majestueux qui reflète la richesses des marchands anversois, ainsi que la puissance commerciale de la ville. Autant vous dire que notre Dame d’Anvers domine tout le coin et que l’oeil de Dieu ne me lâchait pas d’une semelle.

Et le quartier historique n’est pas du tout figé dans l’histoire puisqu’une multitude de bars, restos, pubs, boites de nuit sont là pour vous accueillir. Ce qui rend extrêmement vivant ce quartier.

Je me suis alors dit que pour échapper au regard inquisiteur de Dieu, je pouvais m’abriter dans une bonne vieille taverne, tout proche de la cathédrale, histoire d’être pénard. Erreur. Grosse erreur.

Un bar insolite : le 11ème commandement

Tout d’abord je demande une trappiste. Les meilleurs bières du pays (Westmalle, Corsedonk, Maredsous entre autre), dont les origines se trouvent les moines trappistes donc. Décidément Dieu avait de l’humour. Puis je vois une main apparaître sur mon verre, genre « stop, arrête de boire. »

Je frotte mes yeux mais rien n’y fait, la main reste là.* Puis je regarde un petit peu autour de moi, histoire de mieux découvrir le bar. Que vois-je ?

Des centaines de paire d’yeux me fixant. Mais pas n’importe quel regard… celui de Dieu !

Oui 1000 saints me regardaient fixement en train de déguster ma trappiste. On n’échappe décidément pas au regard de Dieu.

En sortant, à la vue du nom du bar j’ai tout compris : le 11ème commandement. D’ailleurs j’en parle dans mon petit manuel pour une nuit insolite à Anvers sur Voyage-Insolite.

Le bar se situe à Torfbrug 10, 2000 ANTWERPEN juste à côté de la  cathédrale d’Anvers (derrière).

Saint Paul et son calvaire

N’ayant plus le coeur à me battre, je décide finalement d’aller à la rencontre des plus grands monuments religieux de la ville. A commencer par la plus proche de chez moi : Saint Paul.

Du pure baroque comme vous pouvez le voir pour cette église du XVème, à la base église d’un couvent, qui abrite quelques oeuvres de grands peintres tels que Rubens ou encore Van Dyck. Saisissant. Mais je n’avais pas encore vu le calvaire :

Et rassurez-vous je n’ai pas caché au premier plan des Saints que je ne voulais pas vous montrer, non c’est juste la lumière qui était comme ça ! En tout cas, croyant ou pas, on ne peut être qu’admiratif devant une telle oeuvre. La photo rend affreusement mal, le mieux c’est d’y aller ! Allez je vais m’endormir en vous laissant quelques images de la superbe Notre Dame D’Anvers qui aura le dernier mot sur ce post…

Le festival Laus Polyphoniae

Suite et fin de mon escapade anversoise. La capitale des Flandres a choisi de ne pas choisir, la gourmande. Oui pourquoi se concentrer sur un seul festival l’été alors qu’on peut animer tout son été avec une multitude de festivals. C’est le pari d’Anvers. Electro, musique du monde, variétés… tout l’été c’est un peu la fête à Anvers. Pour des raisons de calendrier et de recherche farouche et permanente d’insolite, me voilà parti à la découverte du festival Laus Polyphoniae.

Mais qu’est ce donc ? L’idée est simple : rejouer la musique médiévale. Mais pas n’importe comment, ni avec n’importe qui. C’est toute une ambiance que ce festival. C’est d’abord la découverte d’une époque donc, mais aussi d’une région. Cette année c’était la méditerranée. Ma première étape de ce festival était un dîner slovène au sein d’une ancienne église baroque, Sainte Augustine, qui est le centre du festival.

Dîner simple, mais bon et surtout dans un cadre incroyable. Et puis le temps du premier concert est arrivé. Au menu : chansons populaires de la Renaissance italienne. C’est l’Ensemble Micrologus qui interprète ces chansons vieilles de plus de 500 ans, qui ont directement influencer toute la Commedia Dell’Arte. Mais si vous vous attendiez à voir arriver sur scène des vieillards avec 2 violons, une guitare et tambourin, c’est loupé, voici la chanteuse et initiatrice de l’Ensemble Micrologus, Patrizia Bovi :

Voilà, voilà. Une superbe voix, une énergie incroyable, la chanson populaire italienne d’il y a 500 ans renaît sous vous yeux avec des dizaines d’instruments médiévaux. Le festival démarrait fort de mon côté.

Patrizia en préparation avec sa harpe

Mais je ne pouvais pas m’attarder sur la harpe de Patrizia, j’avais rendez-vous à l’église St Paul, tout à côté de mon chez moi pour un moment de polyphonie. Là encore un cadre incroyable : St Paul avec ses tableaux de maîtres tel que Rubens ou Van Dyck, la nuit, le concert était à 22h, la lumière… une atmosphère… spéciale et propice aux émotions.

C’est l’Ensemble Huelgas qui nous a interprété les chants d’un auteur slovène du XVIème siècle. Alors oui, je vois déjà votre petit rictus. Mais je vous assure que ces voix, parfois une quinzaine à chanter , dans ce cadre là, vous emmènent très très loin, par exemple au XVIème siècle. Un excellent moment.

Mais le meilleur était à venir. J’avais rendez-vous avec Venise et sa musique baroque de la Renaissance, j’avais rendez-vous avec Cappella Mediterranea. C’était le lendemain de mon dernier concert, retour à St Augustine. Et il faut bien l’avouer, le début du concert m’a coupé les jambes. Ma réputation de clubbers émérite en prendrait un coup si elle existait, mais j’ai été scotché : lumière sombre, silence de cathédrale (ok on était dans une église…), et soudain au loin, dans la pénombre, vous entendez une voix, pure, sortie du fin fond des siècles, qui mélancoliquement, se rapproche de vous, petit à petit. Scotché je vous dis. L’interprète, la soprano argentine Mariana Flores, donne vie à ces chants vieux de 500 ans. 500 ans et pourtant, je pense ressentir la même émotion que les gens de l’époque. Une sorte de message, comme si l’auteur m’avait donné rendez-vous ici, 500 ans après l’écriture de son oeuvre. C’est sympa d’avoir penser à moi. La portée historique du festival apporte une dimension temporelle fascinante. 

La performance de la cantatrice et de ses musiciens est tout simplement exceptionnelle : vous avez l’impression qu’elle ne chante que pour vous (c’est peut-être aussi mon petit côté égocentrique), elle se balade parfois dans les travées de l’église, et vous enveloppe de sa voix. Un peu comme si l’esprit de l’auteur et de ses interprètes d’antan flottaient dans cette église  Dans cette atmosphère, les silences comptent tout autant que la musique avec l’acoustique si spéciale des églises. Les saints représentés sur les tableaux donnent l’impression de reprendre en coeur les chants. Et non je n’avais (pas encore) bu.

Et puis il y a ces petits détails qui trahissent la passion de ces musiciens : ce musicien qui s’acharne comme un Rolling Stone sur… son clavecin. Ou encore ce respectable musicologue (j’imagine qu’ils le sont pour la plupart pour s’intéresser à des instruments vieux de plusieurs siècles), en costard, qui à la cheville porte des grelots comme le fou du roi. Un moment assez magique, sur lequel je clos mon escapade anversoise et mon escapade au XVème siècle…

Quelques infos pratiques :
> le site officiel de  Cappella Mediterranea
>le festival Laus Polyphoniae d’Amuz a lieu chaque année fin août/début septembre
> nul besoin d’être connaisseur ou musicologue, ouvrez juste vos oreilles et fermer les yeux
> le site officiel du festival : http://www.amuz.be/
> le site officiel de l’office de tourisme d’Anvers pour organiser votre voyage

Jeff - Vol 714

Vraiment bien écrit par Jef.

Vol714.com c’est ma petite parenthèse voyage. Je partage ici (autant pour vous que pour moi) mes aventures, mes coups de coeur, mes souvenirs de voyage.

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2 thoughts on “Mon week-end Anvers et contre tout”

  1. J’ai visité Anvers il y a une dizaine d’années. A te lire, ça me donne envie d’y retourner et redécouvrir cette ville! J’en garde un bon souvenir!

  2. Jef

    Ah c’est gentil pour moi et la ville, qui m’a vraiment surpris dans le bon sens du terme !

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