Circulez, y-a rien à voir !

Voyager en Asie du Sud-Est n’est pas difficile. Des lignes de bus régulières relient les grandes villes, ils partent des gares routières au petit matin et arrivent cinq heures, sept heures, dix heures plus tard à la gare routière de votre destination. C’est marqué dans votre guide : l’emplacement de la gare routière, les horaires, la durée du trajet. Il est conseillé de passer la veille réparer les lieux, acheter des billets si c’est possible et vérifier les horaires.

C’est plus ou moins folklorique, c’est toujours le bazar et la cohue, ce n’est jamais le grand confort mais on monte toujours dans son bus et on arrive toujours à bon port.

Tout ça c’était vrai jusqu’à Kratie, Cambodge. Mais à partir de là, c’était fini, plus de bus, plus de route goudronnée et encore 200 km pour Stung Treng et de là 50 km pour rejoindre la frontière. Si la frontière était le but ce n’était pas non plus la solution à nos problèmes de logistique. L’autre côté de la frontière, c’est le Laos, ce n’est pas Berlin-Ouest.

En préparant le voyage, j’avais cru que l’aventure commencerait là. La notion d’aventure et de danger est propre à chacun et dépend de notre expérience, bien évidemment. C’était déjà l’aventure avant, mais sur des chemins balisés et déjà parcourus.

Mais c’est à Kratie que vous réalisez combien l’Asie du Sud-Est est le jardin de jeu des backpackers.

C’est une petite bourgade de 80 000 habitants joliment animée la journée et qui, comme tout le pays, émerge de son cauchemar Khmer Rouge. A part quelques dauphins en voie de disparition sur le Mékong, il n’y a vraiment rien à voir à Kratie. Il n’y a rien à voir mais il y a quand même là chaque soir une trentaine de backpackers, la moitié qui cherchent à rejoindre la frontière avec le Laos, l’autre moitié qui en vient.

Alors quelques jeunes ont monté un business : trois mini-vans, quelques rabatteurs, des téléphones portables et je veux bien croire un commerce rentable. Pas de licence, évidemment, pas de prospectus, pas d’agence, il n’y a que trois hôtels à Kratie, les rabatteurs en ont vite fait le tour et pour 20 dollars US, ils vous emmènent sur une petite île au milieu du Mékong juste après la frontière. C’est une arnaque mais c’est bien huilé. Il y a un mini-van qui fait la liaison Kratie-Stung Treng, de là on traverse le Mékong sur une pirogue (motorisée), un autre mini-van nous attend pour nous amener à la frontière et là, après avoir passé la frontière à pied, nous sommes repartis avec le mini-van qui venait d’amener deux italiennes.

C’était une arnaque parce que le service qui fut vendu n’était pas celui qui fut offert et parce que quand on met onze backpackers dans un tout petit min-van, chacun ayant payant entre 15 et 30 dollars US (ça dépend de vos talents de négociateurs et de votre naïveté), on a un retour sur investissement à faire pâlir d’envie les capitalistes les plus forcenés.

Mais c’était une arnaque surtout parce que le parfum d’aventure s’est envolé avec ce service clef-en-main.

Sylvain

Faites donc un tour ici aussi

1 thought on “Circulez, y-a rien à voir !”

  1. Jef

    C’etait 800 habitants à Kratie non ? voir 80 …

Répondre à Jef Annuler la réponse