Suite de mon voyage en moto au Cambodge ! C’est le 3ème temple le plus visité à Angkor. Angkor Vat, le Bayon et… le Ta Prohm. Mais ce que les touristes aiment probablement le plus dans ce temple de ce bon vieux Jayavarman VII, roi d’Angkor, c’est sa destruction. Fin XIXème, l’école d’extrême orient française, décide lorsqu’ils découvrent le temple au milieu de la jungle de ne pas le dégager. D’une c’est compliqué, mais de deux c’est surtout fascinant : les Ceiba pentandra, alias les arbres fromagers, ont pris possession des lieux. Ils ont tout envahi, poussé à travers les murs, sur les toits. On a l’impression que les arbres dégoulinent de partout. Tout un symbole que les archéologues nous ont légué : la nature a repris ses droits sur la mégalopole khmer du XIIIème siècle après des centaines d’années d’abandon par les hommes.
Point route de mon voyage en moto au Cambodge
– Jour 6 de notre périple moto au Cambodge
– Toujours entre Siem Reap et Angkor
– Nombre de km : 0.5 km
– Découvrir les derniers épisodes de mon voyage au Cambodge ici
Le temple de ma mère
Avec Pagnol, nous avions le Château de ma mère, avec Jayavarman VII, c’est le Temple de ma mère. Bien que son nom signifie grand-père Brahma, ce temple fut consacré en 1186 à sa mère à travers l’idole principale, Prajnāpāramitā, la personnification de la sagesse. Môman je t’aime. Mais attention, Jaya n’a pas juste fait plaisir à sa maman chérie : le Ta Prohm fait partie des temples de la métropole qu’il a passé sa vie à créer, Angkor Thom.
Angkor, la plus grande ville du monde
Ne vous y trompez pas : c’est juste la plus grande ville du monde. 1 million de personnes peuplait Angkor Thom. Une capitale d’un empire Khmer devenu gigantesque et qui domine toute l’Asie du sud-est : le Cambodge bien sûr, tout le sud du Vietnam, le Laos, la Thaïlande et certains territoires de la presqu’île de Malaisie et de la Birmanie. Huge.
Les khmers n’ont surement jamais imaginé qu’un jour, leur capitale, leurs temples seraient avalés par la jungle. Imagine-t-on Notre Dame de Paris défoncée par les arbres fromagers ?
Il faut bien avouer que le Ta Prohm est fascinant avec ses arbres fromagers : la plus grande ville du monde vs la jungle. Qui a gagné ? En se baladant dans les ruines du Ta Prohm, on s’attend à tout moment à entendre la musique d’Indiana Jones ou de le voir surgir avec son chapeau et son fouet. Une nature hostile, une civilisation qui a régné sur le monde aujourd’hui disparue… talatinnnn tatala tatatiiiiinnn tatala ta tala… (vous l’entendez ?)
On ne peut pas s’empêcher de garder un petit souvenir mais…
… avec l’impression bizarre d’être observé… surement un guerrier de Jayavarman VII qui s’est laissé surprendre par un arbre…
12 000 personnes au Ta Prohm
Si vous pensiez qu’un temple à l’époque angkorienne, c’est 3 moines qui méditent dans un coin avec de l’encens et un profond silence, vous allez être surpris. Une inscription indique que 12 640 personnes servaient dans ce seul temple. Elle rapporte aussi que plus de 66 000 fermiers produisaient plus de 2 500 tonnes de riz par an pour nourrir la multitude de prêtres, de danseuses et d’ouvriers du temple. On est loin des 3 moines.
Le dernier empereur
Jayavarman VII sera le dernier grand roi d’Angkor. Ses rêves et ses ambitions avec sa métropole, ses temples (Angkor Vat, le Bayon) ont probablement précipité la perte d’un Empire séculaire condamné. Les coûts exorbitants de construction mais surtout d’entretien (vous vous rappelez 12 600 personnes qui servent au Ta Prohm) des temples mais aussi du réseau hydraulique vont peser lourd dans les finances de l’Empire. Et quand je disais condamné, les dernières études montrent que le climat aurait eu raison de toute façon de cette civilisation (hein le réchauffement quoi ?!). Après des années de sécheresse qui a mis à mal les cultures de riz à la base de l’alimentation du petit million de khmers, les pluies diluviennes ont entrainé des inondations qui ont totalement mis par terre le réseau hydraulique, à l’origine du succès de la mégalopole.
Un dernier coup d’oeil aux ruines du Ta Prohm. Quand je reviendrais les fromagers auront surement un tout petit peu avancé dans leur entreprise de destruction. J’irais quand même saluer mon bon vieux soldat prisonnier des arbres…