Voilà l’histoire d’un état qui est assez peu connue, la Savoie. A part la tartiflette et la piste bleue que tu descends chaque hiver, avoue, tu ne connais pas si bien que ça la Savoie. Et c’est là où tu me dis, mais la Savoie, Turin quel rapport ? Et ben pas la tartiflette en tout cas. Non en fait à force de politique et de bonne gestion, les ducs de Savoie, qui depuis le Moyen-Age essayaient de ne pas se faire croquer par les voisins français ou espagnols, ont fini par hériter du Piémont et d’y implanter leur capitale à Turin, à l’abri des français derrière les Alpes. Des français qui vont proposer un deal en or aux ducs de Savoie : en échange de la Savoie, les français amènent l’Italie entière sur un plateau à la famille de Savoie, en les aidant à l’unifier. Je simplifie un peu mais c’est bien l’idée et entre être roi de la tartiflette et du ski et être roi de l’Italie, on n’hésite pas longtemps.
Palais royal et Palais Carignan
Turin est donc une capitale royale.
Entre le palais royal, le palais Madame ou encore le palais Carignan nous avons eu un bel aperçu du baroque turinois.
Le palais Carignan (ci-dessus) est parfois considéré comme le plus bel édifice baroque de Turin. Il a vu naître le premier roi d’Italie, Victor Emmanuel II en 1820. Il a abrité le parlement italien de 1861 à 1865. Bref un beau bâtiment historique qui s’inspire, comme c’était de coutume à l’époque de l’architecte (1679), Camino-Guarino Guarini, du style romain. Sa façade toute en courbe vaut le détour. Et puis juste en face vous pourrez toujours vous offrir un eskimo glacé chez l’inventeur de l’eskimo, Pepino !
Le Palais Madame
Le palais Madame fut la résidence principal de deux régentes : en 1637 c’est Christine de France qui en fit sa résidence principale, et 60 ans plus tard c’est Marie Jeanne Baptiste de Savoie qui s’y installa. D’où son nom de palais Madame. Superbe façade du XVIIème qui contraste avec la façade arrière du bâtiment restée plus primitive, en brique rouge avec deux tours de garde, escalier monumental, ce palais a gardé un je ne sais quoi de princesse.
Ce palais accueille le musée Municipal d’Art Antiques. Un nom qui sonne un peu creux et pourtant c’est une superbe collection sur plusieurs étages qui vous attend. C’est au rez-de-chaussée dans la salle réservée au Moyen-Age que j’ai le plus passé de temps. Surement mon petit côté chevalier.
A l’étage vous vous plongerez dans une atmosphère toute XVIIème : boiseries, marqueteries, glaces vous offrent un aperçu de la vie de château. D’ailleurs on s’y est cru avec Charlie et Mlle X (surtout Charlie quand même qui était totalement raccord avec la tapisserie – un grand bravo Charlie) :
D’ailleurs, nous avons terminé cette visite en mode princesse : une dégustation de chocolat comme au XVIIème siècle ! Car vous le saviez peut-être mais moi non, Turin est l’une des capitales du chocolat ! Le duc Emmanuel-Philibert de Savoie ramène à Turin de ses campagnes d’Amérique du Sud (il est alors général dans les armées espagnoles) du chocolat, bien avant que les parisiens ne le découvrent. S’en est suivi toute une mode du « chocolat de santé » : entre 14h et 22h les turinois les plus aisés pouvaient prendre jusqu’à 10 tasses de chocolat pur (eau, sucre et cacao) ! Même le Pape décréta le chocolat admissible lors du jeun du carême. 2 tasses ont été un pur régal pour ma part largement suffisant. Nous avons respecté la tradition à la lettre : violonistes pour la musique, main gauche sur la hanse pour pouvoir faire tremper ses petits gâteaux… au top les aristo blogueurs !
Et ce n’est pas le regard suspicieux de ce portrait du XVème signé Antonello Da Messina qui me donna des remords…
Dernier coup d’oeil au baroque du centre ville…
… avant de se rendre sur les hauteurs de la ville un peu à l’écart, là où la Villa Della Regina nous attend.
La Villa Della Regina
Résidence des princesses de Savoie au XVIIème siècle, la Villa Della Regina qui domine Turin est pleine de surprises.
Tout d’abord c’est le salon richement décoré qui vous réserve quelques détails insolites. Par exemple les trompes l’oeil, nombreux, sont très bien réalisés avec même de la profondeur, comme si le salon s’ouvrait sur une seconde salle. A votre avis la petite barrière bleue continue ou pas sur le mur ?
Autre détail croustillant, ces petits anges. Nous sommes en Italie, l’autre pays du vin, et manifestement les petits anges ne se sont pas faits priés pour goûter aux vins locaux.
Si nous continuons la visite vers les chambres et autres appartements privés, nous arrivons en Chine. Enfin presque. Et oui le XVIIème, c’est les premières vraies relations avec l’Empire de Chine et les chinoiseries sont très en vogue. Ici on est servi.
Parfois on se demande même si Valérie Damidot n’a pas mis un coup de pinceau à la déco tellement les styles sont hétéroclites et s’entrechoquent. On passe du trompe l’oeil à l’italienne, aux chinoiseries en passant par des styles beaucoup plus classiques.
Ci-dessous le style grotesque (non rien à voir avec Valérie Damidot) reprenant les décorations des riches maisons romaines.
Dernière surprise de la Villa Della Regina, et pas la plus désagréable, ses vignes ! En effet Turin fait parti des 3 villes en Europe à cultiver de la vigne intra-muros, avec Paris et Vienne.
Et comme le voyage était bien organisé, on a pu déguster ce petit vin, un Freisa di Chieri de la maison Balbiano. Plutôt léger, il se marie très bien avec des antipasti.
Bonus pour vous mesdemoiselles : les héritiers de Savoie, célibataires. Ah moins que ce soit Nico et Bruno après une longue nuit à airer dans les rues turinoises à la recherche de l’amour ? Je ne sais plus j’ai un doute.
Attendez, j’ai encore un peu de Turin pour vous, deux visites à ne pas louper, mais ça c’est dans le prochain épisode !
Haha, merci pour la spéciale petite pensée !
Certes, la nuit Turinoise fut assez agitée pour nous!
D’ailleurs, n’hésitez pas et rendez-vous au Cacao Club, une disco avec terrasse ouverte au coeur d’un immense parc ! Plus de 2000 personnes y vont tous les weekend d’été… On a validé (d’ou les lunettes le lendemain…)
Bruno
ah yes merci pour la bonne adresse !
Bonjour, la Savoie en plus d’avoir comme tout le monde le sait, plein d’endroits pour skier, mérite d’être visitée pour voir toutes ces merveilles historiques. Merci pour cet article qui parle de ma terre natale!