Tous les lyonnais savent que se cache dans une petite ville de banlieue de l’est lyonnais une petite auberge verte et rose… magique. Cette petite ville, c’est Collonges au Mont D’Or, cette petite auberge c’est celle de Paul Bocuse. Lyonnais que je suis, voisin même de Collonges quand je vivais à Lyon, l’Auberge du Pont de Collonges est un merveilleux passage obligé pour qui veut goûter à la culture lyonnaise. Culture lyonnaise et une belle façon de fêter un événement, il ne m’en fallait pas plus pour pousser les portes dorées de l’Auberge de Paul récemment.
Des souvenirs à la table
Si on met de côté mon test des burgers de Paul Bocuse, j’avais eu la chance plus jeune de pousser les portes dorées de l’Auberge du Pont de Collonges. Quelques souvenirs en vrac : l’orgue de barbarie, un chariot de desserts gargantuesque, le passage de Paul Bocuse avec une petite voiture en cadeau, l’imposant décor ou encore ma petite soeur nous expliquant que « c’était quasiment aussi bon qu’à la cantine. » J’allais me créer de nouveaux souvenirs.
C’est évidemment une soirée hors norme qui m’attend. La date était cochée depuis un moment sur mon agenda et je comptais les jours. « L’attente du plaisir, c’est déjà du plaisir » comme dirait ma mère. On nous accueille et on nous place dans l’une des salles un peu excentrées, parfait pour un dîner à deux. D’ailleurs tout est parfait pour un dîner à deux : une jolie table ronde avec de la place, éclairée mais pas trop, ambiance sonore feutrée. Le raffinement du cadre nous mets dans des conditions idéales pour faire place aux plaisirs du palet.
Et nos palets allaient être gâtés. Je vous parlais de culture lyonnaise ce n’est pas pour rien : on est parti sur le top du top, le Graal de l’Auberge, le menu Grande Tradition Classique. Une petite folie. Jugez plutôt.
Au menu du chef
Après avoir entamé cette exquise soirée par deux coupes de champagne, nous étions partis sur un vin rouge Saint Joseph 2011, Domaine Bernard Gripa. Le regard jubilatoire du jeune sommelier lorsqu’il nous parla de ce rouge nous convaincu rapidement. « Il va vous surprendre ! ».
Place aux assiettes et au défilé de plats.
Escalope de foie gras poêlée, sauce passion
Fondant, révélé par une sauce passion si légère, dès le début Paul a décidé de frapper fort.
Soupe aux truffes noires V.G.E
Certes c’est l’un des plats phares de Paul, certes il a été créée pour un président, mais je n’ai malheureusement pas été sensible au plat de Valéry.
Filet de sol Fernand Point
Du nom de l’un des grands pionners de la gastronomie, en dirigeant notamment la Pyramide, restaurant gastronomique à Vienne jusqu’en 1955, ce plat ferait aimer le poisson à n’importe qui…
Granité des vignerons du Beaujolais
Petite intermède avec un sorbet tout droit sorti du Beaujolais voisin
Le prochain plat arrive comme ça…
… on s’en occupe comme ça…
et ça arrive comme ça sur votre table :
Volaille de Bresse en vessie « Mère Fillioux »
C’est un peu la star du restaurant. Paul Bocuse s’est fait entre autre connaître pour ce plat qui donne à la volaille de la Bresse voisine une finesse… magique. Ce plat, au-delà de sa présentation insolite et vous connaissez mon goût pour l’insolite, tient toutes ses promesses.
Les fromages… bon je suis un faux lyonnais là-dessus, le fromage n’est pas ma tasse de thé. Mais je vous ai fait une photo. Cadeau.
Passons donc directement à mon rêve : le chariot de desserts. A ce moment là, c’est un joyeux balai silencieux qui se lance : petit à petit les tables d’appoint m’encerclent et les plateaux chargés de baba au rhum, de crèmes brûlées, d’îles flottantes m’assaillent. Je vous avoue que le St Joseph aidant avec en plus l’émotion de voir tous ces desserts arriver, je ne peux pas vous faire la liste exhaustive de ces bonheurs sucrés…
Mon dernier menu gastronomique
Et là vous allez me dire mais comment ? Mais comment déguster ces 6 plats sans exploser ? Et bien on ne peut pas. J’ai explosé. Je repense au serveur qui me propose l’autre moitié de la volaille Bresse (car oui c’est une volaille de Bresse par personne) à qui j’ai répondu « non ça ira merci ». « Non ça ira merci, je n’en peux plus ! » avais-je en tête. Car oui c’est divin, exquis, mais c’est trop. Et promis juré je n’ai pas insisté sur le pain. Oui c’est trop, arrivé au dessert, je ne savais plus comment gérer. Et j’ai pris une décision, ô combien importante pour le reste de ma carrière gastronomique : je ne prendrais plus de menu dégustation. Oui, même chez Pizza Pino. Déjà à la Grande Cascade, cette idée avait commencé à germer : mieux vaut savourer peu de plats plutôt que de se laisser tenter par les gargantuesques menus dégustation qui vous font payer cher la fin de repas (et je ne vous parle pas de l’addition là).
Paul Bocuse, un resto de djeun’s ?
Je garde bien évidement un merveilleux souvenir ce dîner de haute volée. J’ai particulièrement apprécié le service. Bien entendu pour sa qualité et son professionnalisme, mais aussi pour sa jeunesse : le chef de rang, le sommelier (moins de 30 ans) ont su se mettre à notre diapason. Je ne suis pas un fan des dîners guindés : blagues, remarques amicales ont égaillé un service parfait. Une vraie belle surprise. De même j’étais assez étonné par la clientèle : peu de ronds de cuir ou de dîner d’affaire. Une table de touristes italiens, un jeune couple, un couple de touristes chinois… une clientèle très diverse. Mais une cuisine fidèle. Fidèle à sa tradition lyonnaise et à son excellence. Un dernier coup d’oeil aux cuisines rutilantes avant de refermer les portes dorées de l’Auberge.
J’ai également apprécié mon repas là bas et je compte y retourner
… tu avais 10ans lors de ta « 1ère fois » à Collonges et Monsieur Paul nous a offert l’apéritif, tellement heureux d’accueillir un jeune futur ambassadeur de la gastronomie lyonnaise… Il avait vu juste !
Ouai… c’était 3 étoiles à l’époque de De Gaulle.
Maintenant bof, 2 c’est encore beaucoup… allez comparer chez Yoann Comte à Annecy ou tant d’autres, il y a une vraie recherche. La soupe au truffe pendant 40 ans, on voulait juste pas lui retirer son étoile de son vivant.