Rillieux-la-Pape. Ville de la banlieue lyonnaise, à la frontière de l’Ain. Au mieux vous la connaissez pour son champion du monde de boxe Hacine Cherifi, son footballeur devenu célèbre Loic Rémy (actuellement à Chelsea), les Majorette, les petites voitures qui ont été fabriquées là-bas jusqu’en 2001 (avec le siège social), la société Lejaby qui y avait aussi son siège social… au pire pour ses quartiers un peu chaud et quelques voitures brûlées, les fusillés juifs de 1944, le terroriste Khaled Kelkal. Accessoirement c’est ma ville natale où j’ai vécu les 24 premières années de ma vie.
Mais peut-être que si vous êtes lyonnais, vous connaissez Rillieux pour un restaurant. Un restaurant qu’il faut chercher, tout près du Rhône, du côté de Crépieux, la moitié de la ville collée à l’un des bras du Rhône. Un digne héritier des guinguettes lyonnaises qui accueillait au début du XXème siècle les familles lyonnaises qui allaient à la campagne : le restaurant Larivoire.
Pour moi, même si je retourne à Rillieux très souvent, Larivoire c’était au mieux une sorte de légende urbaine : un restaurant (anciennement) étoilé à Rillieux ?! Au pire ce panneau rose vieillot que je vois depuis que je suis né, sur le côté de la route de Genève. Bref je n’y étais jamais allé et ça ne cadrait tellement pas avec l’image que je me fais de ma ville que je doutais presque de son existence.
Après avoir vécu 36 ans de l’ignorance, je peux dire aujourd’hui : « je sais ». Je sais qu’il existe un petit coin de paradis où on ressortirait volontiers les petits chapeaux de pailles, les boules de pétanque lyonnaises, où l’assiette vous emmène loin, loin… Le restaurant Larivoire c’est d’abord une Maison. La Maison Larivoire ma bonne dame. Une histoire commencée en 1871, une famille qui tient le restaurant, des traditions, une cuisine bourgeoise lyonnaise, une belle maison de maître à la façade rose pâle. Larivoire c’est un peu tout ça, mais c’est surtout un régal pour les papilles.
Dans une ambiance feutrée que seuls les grands restaurants vous offrent, les très belles assiettes ont atterri sur notre table. Sous vos yeux gourmands, mon entrée : magret de canard en aiguillettes, pomponnette de cuisse confite avec tomate au caviar d’aubergines et crêpes parmentier. <3
Une autre très belle entrée : millefeuille de pommes cristalline au crabe tourteau.
Le temps de descendre un peu dans le menu…
… et d’arriver au plat qui me fait toujours envie (même le matin au lever) : la fricassée de volaille de Bresse au vinaigre de vieux vin. Je vous un culte à ce plat. Et mon église, c’est Larivoire.
Quelques verres plus tard avec des vins conseillés par un meilleur ouvrier de France…
… nous tombions nez à nez avec les desserts.
Et quand je vous parle dessert de Larivoire, je vous parle de desserts concoctés par un champion du monde de pâtisserie. Cette maison, c’est donc des plats divins pour un rapport qualité/prix qui ferait rougir plus d’un parisien (le premier menu est à 51€) mais aussi une atmosphère, une histoire, une institution.
Nous avons eu la chance de discuter en fin de repas avec Chantal Constantin, gardienne du temple. Elle me fait penser aux célèbres mères lyonnaises réputées pour tenir d’excellents bouchons. A une différence près : Mme Constantin n’est pas derrière les fourneaux puisque c’est Bernard Constantin, « héritier » d’une tradition rillarde commencée en 1871.
« Nous faisons toutes nos sauces. » C’est la passion qui nous parle. Qui nous parle de l’Histoire de Larivoire, son étoile Michelin perdue, son ambiance bourgeoise au sens « qualité » des mets. On écouterait des heures Mme Constantin. Sur les murs les cartes postales anciennes, notes, tableaux raconte aussi la Maison Larivoire et l’histoire des îles de la Pape. Très très loin des barres HLM de la ZUP.
On finit par la première addition du restaurant. La nôtre était un peu plu salée, mais rien par rapport au plaisir que nous avons pris ce soir là.
« Chez nous chaque client est unique, il devient un ami. » Chère Chantal, nous espérons revenir bientôt en ami…
C’est fou de voir qu’il existe tout près de chez soi des endroits comme celui là ! Et hop ! On my « to do list » !